Le secteur « non-marchand » a été depuis de longues dates, un vivier de développement d’initiatives locales innovantes qui constituaient une réponse, à chaque fois particulière et adaptée, à des besoins locaux et à des réalités territoriales différentes. C'est ainsi que des citoyens se rassemblaient pour trouver des solutions aux problèmes rencontrés en guise d’initiatives de solidarité. Ces initiatives se forgent ainsi en réponses citoyennes qui se déploient pour faire face à des contraintes particulières montrant la capacité d'invention et d'action des acteurs locaux.
Ces initiatives ont été des viviers d'idées ayant conduit à la naissance de structures d'accompagnement social, maisons de jeunes, organisations communautaires, entreprises et organismes d'insertion et lutte contre l'exclusion etc. Elles ont contribué à l'identification de nouveaux gisements d'emploi, notamment en matière des services à la personne et à la collectivité. Elles ont été à l'origine de dispositifs de transition vers l'emploi pour les personnes les moins qualifiées.
En nous appuyant sur cette richesse et sur ces initiatives foisonnantes, nous sommes appelés à développer une connaissance interdisciplinaire de l’innovation sociale dans son rapport au développement territorial. Il convient ainsi d'étudier les articulations possibles entre dynamiques territoriales et systèmes d’innovation.
A l’heure où l’innovation sociale est devenue une véritable nécessité pour faire face à des défis socioéconomiques grandissants, étudier systématiquement l’innovation permettra de produire une meilleure connaissance des systèmes générateurs de l’innovation sociale et des conditions nécessaires pour mieux rencontrer les demandes des acteurs sociaux.
L’innovation sociale doit être appréhendée dans son rapport au territoire dans lequel elle se déploie et la manière dont elle est encastrée dans le tissu social. L'innovation sociale s'encastre inéluctablement sur le plan temporel et territorial. Nous sommes appelés à affiner nos connaissances et à tirer les enseignements nécessaires des expériences multiples de quête de solutions nouvelles, d’ingéniosité et de créativité dont les acteurs sociaux font preuve face à des problématiques sociales et à des processus de changement toujours plus complexes.
Cette connaissance vise à chercher comment ces démarches d’innovation sociale s’articulent avec les territoires dans lesquels elles naissent et en quoi elles générèrent ou elles affectent les processus locaux de développement. Questionner le processus d’encastrement de la nouveauté dans la sphère sociale, nous amènera à étudier toute innovation à l’aune du mécanisme et du processus par lequel elle s’encastre dans le territoire ! Ainsi, l’innovation sociale doit ainsi être appréhendée dans ses trois dimensions :
- L’innovation comme processus de transformation, d’institutionnalisation ou de construction d’un usage social d’une nouveauté (offres de service aux usagers), autour de laquelle des logiques et des acteurs différents interagissent (usagers, travailleurs, bénévoles, pouvoirs subsidiants, acteurs sociaux locaux, acteurs initiateurs et porteurs d’une action collective, d’un projet...).
- L’innovation comme méthodologie de traitement d’une problématique donnée en déployant un dispositif d’action ou une démarche spécifique qui permet de s’adonner à une réalité complexe.
- L’innovation comme produit -qui peut se traduire par un dispositif, un projet, un objet ou une action- constituant une nouvelle réponse à un besoin avéré.